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Eolienne et recyclage

C'est une des principales raisons de l'opposition des Français à l'implantation d'éolienne sur le territoire et il nous semble important de faire le point sur ce qui se pratique aujourd'hui en matière de recyclage.

 

 


Aire de jeux Rotterdam recyclage éolienne

En France on estime à 1500 le nombre de turbines à démonter dans les cinq ans à venir. Pour répondre à ces besoins, une filière française de démantèlement a été crée, D3R  c'est-à-dire :Déconstruction des parcs éoliens, Reconditionnement des gros composants, Recyclage des pales et Revente  des métaux, des matériaux recyclés et des composants. Le parc allemand, plus ancien que le nôtre, a été confronté à la question du recyclage et une filière s'est déjà mise en place chez KSR Wind solutions. En ce qui concerne le démantèlement, le responsable du projet assure qu'il lui faut 5 à 6h pour tout démonter. L'opération est délicate et nécessite deux grues géantes et une dizaine d'ouvriers par éolienne.

Arrêté du 30 juin 2020 concernant le démantèlement et la gestion des déchets

L'arrêté du 30 juin 2020 renforce les dispositions relatives à la fin de vie des installations. Le démantèlement concerne les installations de production d'électricité, des postes de livraison ainsi que les câbles dans un rayon de dix mètres autour des éoliennes et des postes de livraison. Les fondations devront désormais être excavées dans leur totalité « jusqu'à la base de leur semelle, à l'exception des éventuels pieux ». Une dérogation pourra être délivrée par le préfet pour la partie inférieure des fondations « sur la base d'une étude (...) démontrant que le bilan environnemental du décaissement total est défavorable ». Les aires de grutage et les chemins d'accès devront aussi être remis en état.

« Les déchets de démolition et de démantèlement sont réutilisés, recyclés, valorisés, ou, à défaut, éliminés dans les filières dûment autorisées à cet effet ». Des objectifs croissants sont fixés : au minimum 90 % de la masse totale des éoliennes devront être démantelés, fondations incluses, ou 85 % lorsque l'excavation des fondations fait l'objet d'une dérogation, et elles doivent être réutilisées ou recyclées au 1er juillet 2022, ainsi qu'au minimum 35 % de la masse des rotors.

À compter du 1er janvier 2024, tout nouveau parc autorisé devra, lors de sa fin de vie, respecter les objectifs suivants : 95 % de la masse totale, toute ou partie des fondations incluses, devra être réutilisable ou recyclable. La masse des rotors réutilisable ou recyclable devra être de 45 % pour les parcs autorisés après le 1er janvier 2023 et de 55 % après le 1er janvier 2025.

« Les déchets non dangereux et non souillés par des produits toxiques ou polluants doivent être récupérés, valorisés ou éliminés dans des installations autorisées ».

Enfin, l'arrêté fixe le montant des garanties financières que doivent constituer les exploitants, en fonction du coût unitaire forfaitaire (Cu) de chaque éolienne : « En cas de renouvellement de toute ou partie de l'installation, le montant initial de la garantie financière d'une installation est réactualisé en fonction de la puissance des nouveaux aérogénérateurs ».

Ne rêvons pas, ce n'est pas parfait mais la question du recyclage est bel et bien prise en compte et avance. Restent encore des questions importantes non résolues notamment celle des rotors.

A nous d'être vigilants, notamment lorsque la notion de dérogation apparaît dans un décret.

En pratique aujourd'hui 

Il existe un marché d’occasion pour les éoliennes vers la Russie ou la Pologne, mais cela reste minime et le plus souvent les turbines sont démontées sur place.

Les parties métalliques comme le mat et le rotor constituent plus de 90% du poids des aérogénérateurs et se recyclent sans problème. La valeur marchande de ces ferrailles fait du démontage d'une éolienne une opération rentable. (420 euros la tonne d'acier)

Le béton armé des fondations peut également être concassé et réutilisé sous la forme de granulats dans le secteur de la construction. Par contre, la principale difficulté en ce qui concerne la récupération du béton reste la profondeur du caisson et le coût induit par sa récupération. Enlever la totalité des fondations en béton est une obligation qui coûte très cher et les sociétés ont tendance à négocier avec les propriétaires et à n'enlever que la couche superficielle permettant la remise en « service » du terrain.

Les pales sont constituées de matériaux à base de fibre de verre ou de carbone difficiles à recycler. Elles sont découpées en morceau directement sur place avant d'être acheminées à l'usine de recyclage. Elles sont alors broyées et valorisées comme combustible dans les cimenteries, les cendres servent de matière première dans la fabrication du ciment. Des avancées techniques nous laissent à penser que prochainement les pales pourront être construites en résine, ce qui faciliterait grandement le recyclage.

Aux Etats-Unis ont été crées à partir des pales de nouveaux matériaux composites. (Ils ont un stock d'avance, suffit de récupérer les pales enterrées dont la photo a circulé sur tous les réseaux sociaux) Ils seraient aussi résistants que des composites à base de bois.  En un an la société à l'origine de ce procédé, GFSI, annonce avoir recyclé 564 pales selon cette méthode et estime pouvoir transformer en produits utiles plus de 20 000 T de déchets dans les deux années à venir.

A Rotterdam d'anciennes pales ont été utilisées en aire de jeu (tunnels, toboggan, rampes etc..)

 

Françoise

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