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Les experts du GIEC mettent les politiques devant leurs responsabilités

A l’heure où les gouvernements reculent sur toutes les lignes un rappel de ce qui nous attend. Il appartient à chacun d’entre nous de tirer ensemble la sonnette d’alarme.

GIEC.pngLe GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) a publié dimanche un nouveau bilan de l’évolution climatique planétaire. Reposant sur quelque 30 000 études et 800 auteurs internationaux, cette cinquième évaluation, après celles de 1990, 1995, 2001 et 2007, est la plus complète et sonne comme un rappel à l’action urgent… « L’atmosphère et les océans se sont réchauffés, les quantités de neige et de glace ont diminué, le niveau de la mer a augmenté » résume ainsi Thomas Stocker, le vice-président du GIEC. Concrètement, la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère n’a jamais été aussi élevée depuis 800 000 ans. En conséquence, la Terre se réchauffe, entre 1880 et 2012 la température moyenne y a augmenté de 0,85°C, une vitesse inédite. Quant aux océans, leur température s’est élevée de près de 0,5°C entre 1971 et 2010, tandis qu’ils s’élevaient de 19 cm entre 1901 et 2010. Historiquement, si chaque nouvelle publication du GIEC a été l’occasion pour ses membres de tirer un peu plus fort la « sonnette d’alarme ». Le rapport, rendu public ce dimanche, n’échappe pas à ce constat. Il est de loin le plus alarmiste, notamment dans la présentation qui en a été réalisée. Pour Rajendra Kumar Pachauri, le président du GIEC, « Nous avons les moyens de limiter le changement climatique » mais « Nous avons peu de temps avant que la possibilité de rester sous les 2°C ne disparaisse ». Aussi, « Il faut agir vite pour réduire les émissions de CO2, ce qui est possible sans compromettre la croissance ». Le vice-président du GIEC, Youba Sokona, ajoute à ce titre que « plus nous attendons pour agir, plus ce sera coûteux ». Si le message se veut toujours optimiste, considérant qu’il est encore possible de maintenir le réchauffement global à un maximum de 2°C par rapport à la période préindustrielle, un échec en la matière aurait de lourdes conséquences en termes de sécurité alimentaire, disponibilité en eau potable, risques d’inondations et de tempêtes violentes, auxquels s’ajouteraient des déplacements de population en hausse et des conflits pour l’accès aux ressources, selon la communication du GIEC. Face aux multiples signaux du changement climatique en cours, les principaux orateurs qui se sont succédé à la tribune ont appelé à l’action. La salle a alors pu apprécier quelques belles envolées orales, dont la palme revient sans conteste à la contribution de l’Américain John Kerry avec « ceux qui décident d’ignorer ou de contester la science nous mettent tous en danger, ainsi que nos enfants et petits-enfants ». Cette phrase venant du pays qui, il y a peu, était encore le premier émetteur de gaz à effet de serre de la planète et niait fortement le changement climatique en cours, le secrétaire d’Etat américain peut s’estimer heureux que le ridicule ne tue pas… ! Face aux discours politiciens « langue de bois », les experts du GIEC opposent une nouvelle fois un calendrier de réduction des émissions de gaz à effet de serre, avec une chute de 40 à 70 % d’ici 2050, et une disparition totale à l’horizon 2100. Des objectifs qui impliquent de tourner le dos aux énergies fossiles très rapidement et qui ne compromettent quasiment pas la sacro-sainte croissance mondiale avec, selon une estimation du GIEC, une baisse annuelle de 0,06 point du taux de croissance mondiale. La publication de ce cinquième rapport va servir de base scientifique lors des prochaines négociations sur le climat, en décembre à Lima (Pérou). Cette échéance sera l’occasion de constater si les dirigeants de la planète s’approprient enfin le message lancé, par des centaines de scientifiques de multiples nationalités, depuis près d’un quart de siècle… Car, comme le déclare Michel Jarraud, secrétaire général de l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM), « Dans trente ans, les gouvernements et les décideurs, à tous les niveaux, pourront être tenus pour responsables des décisions qui ne seraient pas prises maintenant, car la connaissance est là. Nous savons. Nous n’avons plus d’excuses pour ne pas agir. »