AccueilL'agriculture › Vous reprendrez bien un peu de maïs OGM ?

Vous reprendrez bien un peu de maïs OGM ?

dessin OGM 1


Le 19 septembre, La divulgation des résultats de l'étude du Professeur Séralini montrant la toxicité d'un maïs transgénique, le NK 603fait l’effet d’une bombe

Le 19 septembre, La divulgation des résultats de l'étude du Professeur Séralini montrant la toxicité d'un maïs transgénique, le NK 603fait l’effet d’une bombe dans la communauté scientifique et suscite une forte inquiétude de la part de tous les consommateurs avertis… Analysons un peu plus cette affaire et les remous qu’elle a produits. Qu’est ce que le maïs NK 603 ? Le NK 603 est un maïs modifié génétiquement pour lui donner une tolérance aux herbicides, principalement au Round Up. Le maïs et l’herbicide proviennent tous les deux de la même firme : Monsanto… Une absence de rigueur scientifique ? Très vite, dans le but de discréditer les travaux du professeur Séralini de nombreuses critiques ont suivi la publication de son étude, principalement venues de Marc Fellous président de la Commission du génie biomoléculaire chargé de l'étude des risques liés aux OGM par les ministères de l'agriculture et de l'environnement. Ces critiques sont-elles fondées ? L’étude du professeur Séralini a été faite sur 200 rats dont la moitié ont été nourris avec le maïs NK 603 et a duré pendant leur vie entière soit 2 ans environ. La toxicité du maïs NK 603 s’est manifestée par l’apparition de tumeurs. « Evidemment ! » s’indigne alors Marc Fellous « Le type de rats employé, les "Sprague-Dawley", est connu pour développer facilement des tumeurs… ». Il prend soin de ne pas dire que ces mêmes rats sont ceux utilisés depuis le début dans les recherches sur les OGM, par les firmes qui les produisent ! Fellous pointe alors le fait que les rats mâles nourris au NK 603 ne développent finalement pas plus de tumeurs que les témoins…

Ce que Fellous oublie alors de préciser c’est la rapidité des déclenchements : pour les rats nourris à l’OGM, ces tumeurs se développent fortement au 12ème mois, pour un homme cela correspond à l’âge de 40 ans. Le groupe témoin (non nourris au NK 603) ne développe ces tumeurs qu’en fin de vie, vers le 24ème mois… Ainsi, sous couvert d’un discours dicté par le sérieux et la rigueur scientifique, Fellous oublie ce qui pourrait être considérée comme la première loi de tout vrai scientifique : son objectivité. Bien sûr une contre-expertise doit être faite pour valider ou non les travaux du professeur Séralini. Celle-ci est d’ailleurs demander avec véhémence de la part de Monsanto et consorts. Mais comment reprocher une volonté d’honnêteté scientifique de la part de ces firmes ? Il est vrai que les études menées par ces entreprises philanthropes pour vérifier l’innocuité d’un nouvel OGM avant sa mise sur le marché ne souffrent d’aucun reproche : les études les plus « longues » réalisées par leur soin n’excèdent ainsi pas 90 jours… Sérieux et rigueur scientifique avez-vous dit ?

Dessin OGM 2 Le NK 603 dans nos assiettes ? Ce maïs n’est pas le dernier né des labos de Monsanto. En effet, cela fait déjà plus de sept ans qu’il est autorisé dans l’Union européenne à la fois pour l’alimentation animale (en majorité) mais aussi humaine (décision du 3 mars 2005 de la commission européenne). Alors, pouvons-nous savoir si nous avons pu déjà profiter du contenu des éprouvettes de cette belle firme américaine pour préparer nos petits plats ? Impossible de le savoir. En effet, il faut rappeler que la réglementation européenne n'impose pas un étiquetage signalant la présence d'OGM pour des produits contenant moins de 0,9 % d'organismes génétiquement modifiés. Ce que l’on sait moins en revanche, c’est qu’il n’y a pas non plus obligation d’étiquetage pour les produits issus d’animaux nourris aux OGM : une manière d’empêcher les citoyens de savoir ce qu’ils consomment réellement… A l’heure actuelle, le NK 603 est cultivé principalement aux Etats-Unis en Argentine et au Brésil. Suite aux succès de ses premières requêtes auprès de la commission européenne, Monsanto a alors formulé une demande de culture de cet OGM dans l’Union: le 11 juin 2009 l’EFSA (l’autorité européenne de sécurité des aliments) a donné un avis favorable à cette demande. Alors, le NK 603 bientôt dans nos champs ? Vers l’interdiction du maïs NK 603 ? La législation européenne applicable aux OGM est complexe et les autorisations peuvent être prises sur différents fondements. Mais il est prévu des mesures d’urgence, comme par exemple la clause de sauvegarde qui permet à l’un des états membres de L’union de "limiter ou interdire, à titre provisoire, l'utilisation et/ou la vente" d'un OGM pour lequel il a des raisons précises de considérer qu'il présente "un risque pour la santé humaine ou l'environnement" en raison "d'informations nouvelles ou complémentaires". Il doit en informer les autres Etats membres et la Commission qui doit prendre une décision dans les 60 jours. Autrement dit, les gouvernements de tous les pays membres de l’Union ont la possibilité de retirer dès à présent les autorisations du maïs NK 603 à titre conservatoire avant même la réalisation de contre-expertises… Toutefois la France a d’abord choisi de faire appel à l’agence nationale de sécurité sanitaire et la commission européenne à l’EFSA avant de prendre toute décision. Il est toutefois très étrange que la contre expertise menée par l’EFSA soit réalisée par les mêmes experts que ceux qui avaient examiné la demande d'autorisation du maïs NK 603 en 2005 … Sérieux et rigueur scientifique avez-vous dit ?

Pour une « vraie » expertise des risques toxicologiques Plus généralement, cette affaire met en lumière les incohérences et dysfonctionnements importants du système d’homologation de tous les produits entrant dans la chaîne alimentaire. Actuellement, ce sont les industriels eux-mêmes qui conduisent les études toxicologiques de leurs propres produits ! Un conflit d’intérêt évident et généralisé avec des conséquences qui sont désormais plus que visibles : l'explosion des cancers hormono-dépendants depuis trente ans et la baisse générale de la fertilité humaine. A quand en France et en Europe, une vraie expertise indépendante, nous soumises continuellement à la pression des lobbys de l’agroalimentaire ?