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Le bocage et l’élevage bovin

La Saône et Loire est un Pays de bocage surtout dans sa partie Ouest de la Saône, célèbre pour ses bovins charolais élevés de façon relativement extensive.

On voit ces dernières années apparaître de nouvelles races bovines comme la Limousine, l’Aubrac ou la Salers plus rarement l’Angus. Ces races nouvelles pour nos contrées sont moins sensibles aux conditions hivernales et souvent les agriculteurs les laissent passer l’hiver en extérieur avec des compléments d’alimentation. Les conséquences en découlant sont une diminution du lisier des stabulations. On revient à une fumure plus naturelle des pâtures et ces races étant plus résistantes, le recours aux antibiotiques est réduit. L'introduction de ces nouvelles races est donc positive. Notons quand même au passage que l’augmentation de densité produit un surpâturage nuisible à la Biodiversité.

 

Cependant, tous ces bovins pâturent, toute ou partie de l’année, sur des prairies souvent abondées par des épandages d’engrais azotés, principalement au printemps, épandages accompagnés d'un bon dégagement d’ammoniac dans l’atmosphère, gaz à effet de serre. Une autre partie, le nitrate, va dans la nappe phréatique et enfin une troisième partie, peu importante, est absorbée par la plante.

Ces épandages d’engrais azotés nuisent également à la Biodiversité. Si les épandages sont trop souvent renouvelés, les herbes à pousse rapide dopées par l'engrais, étouffent les autres, on se retrouve dans une sorte de monoculture d’herbage .

Je ne développerai pas la question des effluents des bovins. Ils n'existent plus ou peu quand les bovins passent l’hiver dehors, dans ce cas la pollution est limitée. Pour les bovins qui passent l’hiver en stabulation, l’épandage des lisiers est particulièrement polluant car épandu de façon trop concentrée.

 

Les pâtures et les haies.

Les bovins pâturent dans des prairies qui stockent du carbone et sont entourées très souvent de haies qui pourraient stocker du carbone. Ces haies subsistent parce qu’il est interdit de les arracher, mais elles sont taillées, broyées chaque été, réduites à leur plus simple expression et doublées d’une clôture de barbelés ou d’une clôture électrique car elles ne sont plus capables de retenir le bétail dans leur enclos, ce qui était leur fonction première .

La PAC (Politique Agricole Commune ) interdit d’arracher les haies. Un contrôle existe avec des pénalités qui peuvent être importantes en cas de récidives. Les arrachages ne sont pas nombreux.

Les haies sont donc taillées, broyées tous les ans par les agriculteurs. Cela coûte cher en matériel, en temps et en carburant.

Les paysans ont de tout temps entretenu les haies jusque dans les années 60 en pratiquant « la Pléchie ». Munis d’une hache et d’un vouge, on couchait les haies et elles assuraient leur fonction de clôture et pouvaient repousser et se régénérer indéfiniment. Les débris étaient brûlés sur place et le bois récupéré pour le chauffage. Je l’ai moi-même pratiquée avec mon Père quand j’étais gamin. Quand on faisait dix mètres dans l’après-midi, on était content. Quand on voyait un jeune arbre émerger au milieu des épines, on jugeait si on le laissait pousser ou pas. C’est pour cette raison que l’on voit aujourd’hui de grands arbres au milieu des haies. Le broyeur ne laisse, lui, aucune alternative au renouvellement des arbres dans les haies. C’était une tâche qui était pratiquée en hiver Les exploitations faisaient plutôt 40 hectares en moyenne. Aujourd’hui elles font entre 100 et 300 hectares et l'entretien des haies n’est plus possible. Les agriculteurs passent leur temps en hiver à nourrir leur nombreux cheptel, ils n’ont plus le temps de s’occuper des haies. La taille et le broyage ont  remplacé cette technique d’une autre époque  ce que l'on peut comprendre, mais qui est loin d'être satisfaisant.

 Le Gouvernement a débloqué des fonds au niveau national pour planter des haies et des arbres, est-ce une bonne idée ? Ce qui est sûr, c’est que c’est une idée chère car il y a toute une chaîne à mettre en place : récupérer des graines, faire  des plants, négocier le lieu où les planter, les planter, les protéger etc... . Si les graines ne sont pas issues du coin où on va les planter, les arbustes vont  végéter...j’appelle ça une culture de haies alors que ça peut pousser tout seul, la Nature sait faire …

Les haies sont une formidable réserve de Biodiversité, un formidable moyen de stocker du carbone. Elles sont prêtes à jouer ce rôle, il suffirait de les laisser pousser

 

Michel Carimentrand.

 

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