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A lire dans le JSL : "Lulu" promène le ministre de la Transition écologique dans ses bois

Ce jeudi, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, s’est rendu dans la forêt de Montmain à Autun. Il est venu rencontrer Lucienne Haese, une figure écolo qui se bat depuis des décennies contre les coupes rases, la monoculture de résineux et pour une exploitation raisonnée des forets morvandelles.

Lucienne Haese a fait découvrir la forêt de Montmain à Autun. Une foret rachetée en 2003 par un groupement de petits propriétaires pour la préserver d’une exploitation industrielle.  Photo JSL /Ketty BEYONDAS

 

Le 8 novembre dernier, sur le plateau de l’émission Aux arbres Citoyens sur France 2, Lucienne Haese a crevé l’écran en seulement quelques minutes. Du haut de ses 81 printemps, dans son pull fatigué d’écolo, la militante a décrit le combat qu’elle mène depuis des décennies pour défendre les forêts du Morvan. La retraitée a parlé de ses plus grandes peurs : « les coupes rases » (abattre en même temps tout un secteur de forêt) et l’exploitation industrielle. Dans les coulisses de l’émission, celle que tout le monde dans le Morvan surnomme “Lulu” a aussi sauté sur le ministre de la Transition écologique pour lui demander de venir voir « sa forêt » à Autun. Christophe Béchu a immédiatement dit oui. Et il n’a pas traîné à tenir sa promesse et à s’offrir ainsi un petit coup de com’ aux côtés d’une militante touchante « de l’écologie concrète. »

Lucienne Haese (dite Lulu) et Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique. Visite de la forêt de Montmain.   Photo JSL /Ketty BEYONDAS

22 forêts choyées

Dès ce jeudi, le ministre était dans la forêt de Montmain aux côtés de l’infatigable “Lulu”. Et c’est en propriétaire que la militante écologiste lui a fait la visite. En effet, en 2003, alors que les 32 ha de ce domaine étaient mis en vente, Luciennes Haese a créé avec de nombreux particuliers (et avec l’aide de la mairie d’Autun et du Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne) le Groupement forestier pour la sauvegarde des feuillus du Morvan. Ensemble, ils ont racheté Montmain, au nez et à la barbe de la Caisse des dépôts, pour l’épargner de l’exploitation industrielle, des coupes rases et de la monoculture de résineux. 20 ans plus tard, le Groupement et ses 1 064 associés est désormais propriétaire de 22 forêts morvandelles (pour un total 370 ha). « Nous aussi, on vend du bois, mais on ne verse pas de dividendes », a-t-elle précisé au ministre. Bien ancrée au sol sur ses deux cannes, Lucienne Haese a dessiné à Christophe Béchu le modèle qu’elle souhaite protéger : une forêt où se mélangent les essences d’arbres et où l’on respecte le rythme de la nature.

« Ce n’est pas à la forêt de s’adapter au marché ! »

Sous une grosse pluie de saison, “Lulu”, seule présence colorée dans une forêt de parapluie et de costumes sombres, a désigné ses arbres de sa cane aux motifs floraux : « Ici, il y a des petits, des grands, des moyens et de la régénération naturelle. » Attrapant le ministre par la manche, elle a lancé : « J’espère que vous allez pousser pour une sylviculture comme vous la voyez ici. […]. Il faut modifier le code forestier. Que la coupe rase soit une exception ! » Puis, sans reprendre son souffle : « Ce n’est pas à la forêt de s’adapter au marché, ça doit être l’inverse. La forêt ne donne que ce qu’elle peut donner ! »

« Je vous ai à l’œil ! »

Visiblement attendri, Christophe Béchu a assuré qu’il avait bien entendu le message de celle que, lui aussi, s’est mis à appeler “Lulu”. « Notre plan qui vise à planter 1 milliard d’arbres en 10 ans , consiste, en gros, à faire deux fois plus que ce qu’on fait aujourd’hui. L’idée, c’est d’avoir une forêt jeune qu’on va laisser vieillir pour qu’elle puisse assumer pleinement son rôle de captation de carbone. »

Mais ira-t-il jusqu’à interdire les coupes rases ? « Il y a un consensus qui se dégage pour considérer que ce n’est pas une gestion optimale […]. Je recevrai dans quelques jours un rapport sur le sujet et je viens ici en sachant très bien que ce groupement s’est fait contre les coupes rases. Il faut qu’on ait une gestion plus durable, mais il faut parfois aussi de la nuance parce qu’il y a quelques cas dans lesquels ça reste quelque chose qui peut avoir une forme de pertinence. »

Le ministre en dira plus la semaine prochaine. Mais Lulu l’a déjà prévenu : « Je vous ai à l’œil ! »

Par Benoit MONTAGGIONI - Journal de Saône et Loire

 

 

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