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Fukushima : quand l'OMS oublie ses responsabilités

Dans un très récent rapport sur "l'évaluation exhaustive d'experts internationaux sur les risques pour la santé de la catastrophe survenue à la centrale nucléaire de Fukushima", l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) se veut rassurante : Les experts considèrent par exemple que chez les personnes présentes dans un rayon de 20 km autour de la centrale, le risque de cancer de la thyroïde augmenterait de 70 % chez les nourrissons de sexe féminin par rapport à la normale et une augmentation du risque de 6% pour le cancer du sein et d'environ 4% pour l'ensemble des cancers solides pour ces mêmes populations est attendue. Mais, en raison de l'évacuation rapide des population, le nombre de personnes concernées serait très restreint... Pour les travailleurs intervenus en urgence sur la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, il y a une augmentation des risques vie entière pour la leucémie, le cancer de la thyroïde et l'ensemble des cancers solides par rapport aux taux de référence (ce risque concerne 1/3 des personnes ayant travaillées sur le site). Maria Neira, directeur à l’OMS pour la santé et l’environnement précise : « En dehors de ces zones, y compris au sein de la préfecture de Fukushima, aucune augmentation du risque de cancer n'est attendue » Ce bilan est pour le moins surprenant alors que notre Institut (français) de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) soulignait il y a 1 an l'absence de suivi rigoureux des travailleurs. Pour cause : l'évaluation des doses reçues par 20 000 travailleurs intervenus sur le site de la catastrophe n'ont toujours pas été remises aux autorités japonaises par TEPCO (l'exploitant de la centrale).... Cette évaluation rassurante des conséquences de la catastrophe serait-elle liée aux liens entre l'OMS et AIEA (Agence Internationale de l'énergie atomique) ? Les statuts de cette agence des Nations Unies précisent son objet principal : "d'accélérer et d’accroitre la contribution de l’énergie atomique à la paix, la santé et la prospérité dans le monde entier." : une institution chargée ni plus ni moins de la promotion de l'énergie nucléaire... Un accord signé en 1959 entre ces 2 structures onusiennes oblige l'OMS à parler sous le contrôle de l'AIEA dès qu'il est question de santé et de radioactivité... Fort logiquement : Tchernobyl selon l'OMS ? 50 morts, 9 décès d’enfants de cancers de la thyroïde, 4000 cancers potentiellement mortels et 4000 cancers de la thyroïde (principalement chez les enfants). Pourtant, divers rapports donnent des chiffres bien plus élevés : 200 000 morts (selon une étude publiée en février 2010 par l’Académie des sciences de New-York). Des chiffres de 985 000 morts sont même présentés par certains spécialistes... Pour Tchernobyl comme Fukushima, l'OMS semble oublier ses responsabilités...